Au fond de la ganterie Lesdiguières résonne le cliquetis d’une machine à coudre. Les finitions des superbes gants conçus par le maître Jean Strazzeri se font ici. Une manière de toucher du doigt l’un des pans de la tradition gantière, qui fait partie intégrante du patrimoine grenoblois.
Glisser la main dans un gant conçu et fabriqué par Jean Strazzeri, maître gantier depuis 1964, c’est raviver un passé illustre. Celui du XIXe siècle, durant lequel une famille sur deux, à Grenoble, travaillait dans l’une des 150 ganteries qui émaillaient la ville. La capitale des Alpes était alors celle du gant de luxe.
« Les gantiers ont fermé leurs ateliers les uns après les autres sans transmettre leur métier. », regrette Julie Strazzeri, la fille du plus célèbre d’entre eux, Jean Strazzeri. Pour celles et ceux qui comptent offrir la mythique paire de gants en cuir de chevreau made in Grenoble pour Noël, pas de panique ! Le maître gantier Jean Strazzeri, lui, a continué d’exercer son métier. Et il a bien fait. Dans la boutique Gants Lesdiguières, ses gants en cuir de chevreau sont toujours en vente. Et ils connaissent même un véritable regain d’intérêt depuis quelques années. Tant et si bien que la question du recrutement a fini par se poser.
Faire redécouvrir et perdurer un savoir-faire
« Mon papa a suivi un CAP gantier. Mais bien sûr cette formation n’existe plus », raconte Julie. La maison s’est alors rapprochée du lycée du Dauphiné à Romans-sur-Isère, spécialisé dans les métiers du cuir, qui a ajouté un secteur ganterie à son offre de formation. « Nous avons pu embaucher Samantha, qui a suivi ce parcours. Elle nous est très précieuse. », se réjouit-elle. Car, si Jean Strazzeri s’occupe toujours de la coupe, il reste une multitude de tâches à accomplir pour obtenir une paire de gants.
Le cadeau typiquement grenoblois à glisser sous le sapin
Au XIXe siècle, une dame ne serait jamais sortie sans ses gants. Grenoble a d’ailleurs largement tiré son épingle du jeu dans ce domaine. Mais peu à peu, les mœurs ont changé. Comment expliquer le regain d’intérêt que connaissent les gants grenoblois ? D’après la fille du maître gantier, le cuir de chevreau reste au cœur de l’explication.
« La peau de chevreau est tellement souple et fine qu’on peut faire plein de choses sans les quitter. C’est une seconde peau qu’on oublie. Les gens de passage et les Grenoblois restent aussi très attachés à l’histoire de ces gants »
En témoigne notamment la renommée, toujours intacte, des gants signature de la marque : les gants Stendhal, aux couleurs du célèbre romancier. Un cadeau dont on est certain qu’il relèvera toujours du meilleur goût.
Gant Lesdiguières
5 Rue Raoul Blanchard, Grenoble
Site web – Instagram
© Audrey Langlois
En tant que journaliste et biographe, j’aime entendre et raconter toutes les histoires. En particulier celles qui concernent les habitants de ma ville d’adoption. Vous en trouverez quelques-unes ici.
