Pour décrire « O QUE IMPORTA É O CAMINHO », spectacle hybride programmé le jeudi 1er février au Théâtre Municipal de Grenoble, on reprendrait bien en partie la fameuse formule surréaliste. Beau comme la rencontre d’une chanteuse-danseuse-musicienne et d’un piano suspendu dans le vide.
On dit souvent des musiciens qu’ils font corps avec leur instrument. Dans le cas de la pianiste, chanteuse et danseuse Joana Schweizer, l’expression est à prendre au pied de la lettre. Dans le spectacle « o que importa é o caminho », programmé le jeudi 1er février au Théâtre Municipal de Grenoble, le piano, cette masse normalement arrimée au sol, est suspendu dans le vide à l’aide de trois câbles. Lesquels permettent à l’instrument de se balancer au-dessus de la scène. Comme dans un tableau surréaliste, la danseuse s’engage avec lui dans un duo aux résonnances multiples.
Un piano comme boite à images
Comme l’instrument a été vidé de ses entrailles faites de cordes et de marteaux, la danseuse peut évoluer en son sein. Comme le bébé à naître au cœur du ventre de sa mère. Le duo que Joana Schweizer construit avec son piano convoque ainsi des métaphores multiples. Ces dernières fouillent toutes, de manière poétique et troublante, au plus profond de notre humanité la plus universelle. Il y a cette naissance. Il y a aussi l’enfance à laquelle ce piano-balançoire peut faire écho. Et puis les raideurs de la vieillesse et ses épreuves, auxquelles on n’échappe pas. Le piano à queue, mastodonte fascinant, menace alors le corps soudain fragilisé de l’interprète.
Fabrique du son et jeu des frontières
Si le piano à queue devient bel et bien son partenaire de danse, la musicienne de formation classique ne pouvait pas se priver pour autant de ses sonorités. Aussi a-t-on mis au cœur de la bête un clavier permettant de contrôler le son du piano depuis un ordinateur placé en régie. Les univers sonores produits par l’instrument deviennent alors aussi plastiques que les images qui en émanent. Mais avant d’entamer un air de Chopin, il s’agit d’abord pour la pianiste de dompter son instrument. On l’aura compris, on est là aux antipodes d’un solo ultra statique produit par un pianiste classique. De plus, de ce classique ensauvagé, on se promènera même vers d’autres territoires musicaux.
Pour une artiste bercée par deux cultures, la française et la portugaise, le jeu avec les frontières va de soi. Frontières entre le réel et le surréalisme, entre la danse et le chant, entre la musique classique et les musiques indomptées, mais aussi frontières entre les langues.
« Je suis franco-portugaise, et les mots de Fernando Pessoa ont une justesse qui pour moi est essentielle à ce solo en quête d’identité. », explique Joana Schweizer.
C’est la voix enregistrée de la grand-mère portugaise de la jeune femme que l’on entendra d’abord dire les mots du célèbre poète. Intense.
O que importa é o caminho, Jeudi 1er février à 20h
TMG – GRAND THÉÂTRE
4, Rue Hector Berlioz, Grenoble
Réservation sur le site du TMG
© Carla Neff
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