Grenoble est une ville qui dévoile ses secrets aux plus curieux. Chaque quartier recèle des trésors cachés, des histoires mystérieuses, et à chaque rue, un détail attire l’attention, prêt à vous émerveiller.
Aujourd’hui, nous vous emmenons en balade du côté du Village Championnet, comme on surnomme ce joli quartier grenoblois, trait d’union entre le centre ancien et la modernité du sud de la ville. Véritable catalogue de l’architecture du 19e au début du 20e siècle, Championnet vit au rythme des artisans et des commerçants qui font son charme.
Un quartier de légendes
Pour commencer, connaissez-vous le premier nom donné à cette zone à l’ouest du centre ancien de Grenoble? « La Femme sans tête ». Nous vous rassurons immédiatement : rien à voir avec un fait divers sordide. En réalité, situé à l’extérieur des fortifications, on trouvait dans ce faubourg de nombreux cabarets dans lesquels on servait des bouteilles déjà débouchées que l’on surnommait… Des femmes sans tête, tout simplement!
Au moment de l’agrandissement de la ville à la fin du 19e siècle, le nouveau quartier s’organise autour d’une place d’abord baptisée Lakanal. Championnet n’arrive que plus tard. Avec la modernisation du quartier disparaît toute une série de légendes, impliquant des dragons, des vouivres et autres créatures inquiétantes…
Un cheval mystérieux
Il reste néanmoins quelques animaux surprenants, à l’image du cheval du n°7 de la rue Génissieu. Surmontant le portail, cette belle tête de cheval en pierre interroge sur le passé de cet immeuble du début du 20e siècle.
Certainement originaire des écuries d’un château de Saint-Égrève, cet ornement a été installé au moment de la construction du bâtiment par Joseph Marius Repellin – on retrouve d’ailleurs ses initiales M & R sur la façade. Riche entrepreneur, M. Repellin possédait l’une des plus importantes compagnies de transport touristique du Dauphiné. Si les chevaux seront ensuite remplacés par des cars, ils sont mis à l’honneur ici, souvenir d’un temps où l’hippomobile était reine.
Des rues aux noms curieux
Lorsque l’on se promène dans le quartier Championnet, le nom de certaines rues soulèvent clairement des interrogations. Si certaines font référence à des militaires de l’Histoire de France (Championnet, Turenne ou encore Augereau), d’autres rendent hommage à des personnages plus originaux. Doudart de Lagrée, par exemple, né à Saint-Vincent-de-Mercuze au 19e siècle, est un grand explorateur de l’Asie. L’abbé Barral, quant à lui, est un philosophe des Lumières qui écrit au 18e siècle pour défendre l’éducation de la jeunesse.
D’autres noms rappellent le passé du quartier : le chemin Jésus se situe à côté de l’emplacement d’un ancien couvent, la rue des Bergers quant à elle se situait à proximité… des abattoirs. Quant à la rue des Bons Enfants, son nom viendrait d’une anecdote liée à la construction du quartier. C’est en effet la première rue ouverte du quartier, avant même la démolition des fortifications à partir de 1880. La rue est percée à travers des jardins, et selon la légende, les propriétaires se seraient mis d’accord pour céder chacun le terrain nécessaire à l’ouverture de la rue… Comme de bons enfants!
Notre préféré, cependant, reste le chemin des Montagnes Russes. Si aujourd’hui on y trouve une œuvre de Street Art signée Li Hill, c’était avant la construction du quartier un terrain vague – littéralement, puisqu’il y avait beaucoup d’ondulations sur ce chemin. En hiver, elles étaient arrosées pour qu’elles gèlent pendant la nuit : au matin, les enfants pouvaient glisser dessus, comme sur des montagnes russes!
Des châteaux en ville
Championnet est décidément un quartier de légende, il n’est donc pas étonnant d’y croiser des châteaux et de belles demeures.
Dans la rue du Phalanstère, on trouve par exemple un petit châtelet rappelant les images de nos livres de contes de fées. Construit dans le style de la fin du 16e siècle, il donne l’impression qu’une princesse va jeter sa tresse de cheveux de l’une des deux tourelles en encorbellement.
À l’angle de la rue Guy Allard, un ancien hôtel particulier surplombe le quartier avec ses fenêtres à meneaux et ses gardes-corps quadrilobés. Symbole de la réussite et de l’expansion des gantiers Perrin, ce petit palais néo-gothique joue sur les matériaux puisqu’il mélange la pierre et le ciment moulé – les briques ne sont pas réelles. Pour la petite histoire, les architectes Chatrousse et Ricoud ont aussi réalisé l’immeuble aux éléphants de la rue Félix-Poulat, un autre bâtiment emblématique de Grenoble.
Une piscine pionnière
Entre le quartier Championnet et la Caserne de Bonne se trouve l’îlot de fraîcheur préféré des Grenoblois en été, la piscine Jean Bron. Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui connaissent son histoire centenaire. En effet, tout commence en 1888 lorsque la première école de natation en province s’installe sur cet emplacement, sous l’impulsion du maire Edouard Rey.
En 1949, on modernise la piscine avec une architecture qui joue sur la symétrie entre les gradins et les bassins. Comme un bateau, la piscine Jean Bron vous emmène dans un autre univers, dépassant le Vercors qui le surplombe et vous faisant oublier, un temps, que l’on est en plein cœur de la ville. C’est là peut-être tout le charme du quartier Championnet, plein de vie… et de secrets.
Photos : Bilel MK
Amoureuse de ma ville natale, vous pouvez me croiser dans les rues et les musées en tant que guide conférencière, mais aussi l’appareil photo à la main pour ma page insta @grenobletrotter. Mondaine depuis 2012, mes préférences vont aux adresses qui mélangent culture, gastronomie et folie.
Je suis fan de la rue des Montagnes Russes, chaque année j’ai suggéré son nom pour une œuvre de stret art …
Et grâce à vous je ne sais d’où vient ce nom maintenant 😄
Les décorations sur la maison qui abrite le restaurant Madam aussi sont 👌🏻