Deux spectacles prochainement programmés à la MC2 nous font sérieusement de l’œil : Les chats ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés, les 27 et 28 mars à 20h, et The Kitty Kat Mini Ball, le samedi 29 mars dès 19h. Pas seulement parce que, comme tout être accroc à la mignonnerie, nous nous laissons happer par les petits chats qui hantent les réseaux sociaux (car de chats, il est question dans les deux propositions !). Mais surtout parce que la danse, le théâtre et la musique sont de la partie à plus ou moins haute dose. Et ça, on A-DORE. Les chats…, le jeudi 27 et le vendredi 28 mars, est un spectacle aux allures de conte philosophique ultra-contemporain, alliant plaisir et réflexion. Les protagonistes y incarnent des… chats, devisant sur la marche du monde entre deux chorégraphies bien senties. Le ball du samedi tient du voguing. Les danseurs se regroupent en équipes, ou houses, et s’affrontent sur le thème des… félins. À ce stade, vous avez certainement déjà réservé vos places. Mais on vous en dit quand même un peu plus grâce aux principaux intéressés.
Un spectacle total avec Les Chats ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés
« Cats et Les Misérables se jouent encore aujourd’hui, 40 ans plus tard. Il y a un aspect assez universel dans cette tradition de la comédie musicale à l’anglo-saxonne, et le côté « spectacle total » a quelque chose de très excitant, danse, chant, musique, théâtre, poésie, arts visuels », commencent Jonathan Drillet et Marlène Saldana pour que l’on comprenne mieux leur tropisme en faveur des comédies musicales anglo-saxonnes des années 1970. Car le spectacle Les Chats…, qu’ils ont écrit et qu’ils mettent en scène, emprunte à ces codes universels tout en assumant un propos ultra-contemporain. « Nous écrivons nos pièces à deux, passant généralement des mois à discuter, lire, rencontrer des spécialistes. Pour Les Chats, nous avons pas mal fouillé dans l’anthropologie, que ce soit chez David Graeber ou encore chez l’écrivaine éco-féministe Donna Haraway, ainsi que dans la politique contemporaine. […] Ainsi nous avons pu réfléchir aux questions qui nous préoccupent aujourd’hui, le climat, le capitalisme fossile, la puissance grandissante des mouvements d’extrême-droite, l’idée de la catastrophe. »
De la dystopie à l’espoir : place à la proto-topie
Vous commencez à vous inquiéter. La morosité risque-t-elle de vous envahir à la vue d’un spectacle fortement ancré dans notre époque si peu réjouissante ? Les metteurs en scène des Chats se montrent rassurants sur ce point. « Comme le disait Alain Damasio dans une rencontre à laquelle nous avons assisté, il faut arrêter avec les dystopies. Il préfère aujourd’hui parler de « proto-topie ». » Qu’est-ce à dire ? « C’est une manière d’envisager des futurs désirables, dans un élan plus optimiste, et c’est ce que nous essayons de faire à notre manière. » De fait, dans la comédie musicale programmée à la MC2, les chats constituent un « groupe hétérogène, aux avis divergents, parfois même radicalement divergents, et qui pourtant doit bien vivre ensemble. » Un message d’espoir, certes discret mais non moins solide, est bel et bien là, renforcé par l’énergie communicative d’une troupe inspirée.
Découvrir la culture des ballrooms
Toute autre ambiance, chats exceptés. La MC2 s’enorgueillit de recevoir, samedi 29 mars, « l’un des meilleurs ambassadeurs du voguing : THE Legendary Vinii Revlon ». Comme l’artiste en question est associé à la Gaîté Lyrique, on a décidé d’interroger le directeur danse de la salle parisienne, Benoit Rousseau, pour en savoir davantage sur cette légende et sur la ballroom en général. « La ballroom est un espace qui a été créé par les femmes trans, noires et latinas aux Etats-Unis à la fin des années 70 et dans les années 80. Comme elles étaient victimes de racisme jusque dans leur communauté LGBT, elles ont fondé leur propre scène et leur propre communauté. Voilà pour le rappel historique, jamais inutile. Aujourd’hui, la ballroom tient lieu d’espace de liberté pour les communautés LGBT en général. « Ce qui se traduit par de grands moments de fêtes et de compétitions qui s’appellent les balls. Dans ces balls, il y a différentes houses, qui reproduisent au niveau communautaire des familles plus patriarcales », précise le directeur danse. D’où les termes de father, mother, godfathers, godmothers… Vinnie Revlon, l’un des premiers à avoir apporté un peu de cette culture en France, est justement devenu le father de sa propre house. Car ce danseur de voguing exerce son talent sur les catwalks depuis plus de dix ans.
The Kitty Kat Mini Ball : mode d’emploi
Vous l’avez compris, l’univers des ballrooms obéit à un certain nombre de règles avec lesquelles on peut choisir de se familiariser pendant le workshop qui précédera le spectacle. Mais on peut aussi partir à la découverte de cette culture sans leçon préalable. « Sur la thématique des chats, plusieurs catégories seront mises en compétition :
- Face : peau éclatante, regard captivant, attitude féline,
- Runway (Virgin, All American, European) : dégainez votre démarche féline et votre sens du style,
- Commentator vs Commentator : duel verbal pour enflammer la salle !
- Realness & Body : réalisme et fierté corporelle à l’honneur,
- Fashion Killa : look audacieux et unique,
- Lip Sync Battle : performez sur des hits félins iconiques,
- Sex Siren : sensualité et charisme irrésistibles,
- Performance (Vogue Fem, Old Way, New Way… ) : posez, tournez, brûlez le floor !
Une nuit placée sous le signe de la créativité, de l’audace et de l’attitude féline. Ici, pas de limites de couleurs, mais une touche féline est essentielle : oreilles de chat, imprimés léopard, maquillage sauvage… Laissez rugir votre panthère intérieure !
MC2 Grenoble
4 rue Paul Claudel
Infos :
The Kitty Kat Mini Ball
Les chats ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés