À une quarantaine de kilomètres de Grenoble, à la pointe nord du lac de Paladru, nous décidons de disparaître de la civilisation l’espace de deux heures en pénétrant le monde passionnant du marais de la Veronnière et du Courbon avec son avifaune très diversifiée. Prenez vos jumelles et en route.
Deux heures pour un voyage des cinq sens
Après avoir rejoint Hannah, animatrice nature au Département de l’Isère en charge de cet ENS (Espace Naturel Sensible), notre animatrice d’un jour, il est temps de passer aux explications. Chacun reçoit ensuite une paire de jumelles, accessoire ultime de tout bon ornithologue.
Après le départ, voilà déjà une première halte quelques mètres plus loin.
Hannah sort un premier trésor de son sac. Une plume de rapace gigantesque qui appartenait à un milan royal, une espèce migratrice qui se fait de plus en plus rare. Le milan est un migrateur partiel, c’est-à-dire que les populations d’Europe du Nord et continentales migrent au plus loin en Espagne (contrairement au milan noir qui traverse le Sahara). Certaines restent même dans les Pyrénées voire en France avec des dortoirs hivernaux dans le massif central. La plume passe de mains en main, les petits et les grands sont fascinés.
Un peu plus loin, à l’aide d’un jeu de cartes ludique confectionné par ses soins, Hannah nous apprend comment connaître le régime alimentaire d’un oiseau en analysant son bec. Parfaite occasion pour rappeler de ne pas donner de pain aux canards, leur bec, et donc leur système digestif, n’étant pas faits pour ça.
La suite de la visite prend des tournures de blind test. Hannah dégaine son téléphone et joue des chants d’oiseaux. Parmi toutes ces nuances de tonalités et de tempos, il y a ceux, comme les pigeons, les tourterelles ou bien les moineaux, qui sont facilement reconnaissables. Et presque paradoxalement, avec tant de chants différents, les oiseaux ont deux principaux sujets de discussion : la reproduction et la défense de leur territoire.
Aux deux-tiers de la visite, Hannah cueille une fleur dans un arbre et en trie les pétales. Avec curiosité, nous tendons la main. On sent, puis on goûte. C’est délicat, floral avec une pointe d’amertume, on se surprend même à y retourner. Il s’agit là de fleur de sureau noir, totalement comestible.
Le ciel, les oiseaux et vous
La visite se termine au bord du lac de Paladru. C’est là que les jumelles vont servir pour la dernière fois. Au loin, des hérons cendrés nichant à la cime des arbres paraissent imperturbables, inaccessibles. En réalité, ils ne sont pas si loin du chemin que nous foulions peu de temps avant, mais demeurent dans une bulle protégée, comme hors du monde et de son agitation.
La visite terminée, avec l’envie d’en voir et savoir encore davantage, nous sommes excités d’apprendre que beaucoup d’autres ENS existent en Isère. Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, notre article sur le marais de Montfort, et surtout rendez-vous sur le site des ENS de l’Isère afin de réserver une visite et à votre tour en prendre plein les sens.
En partenariat avec le Département de l’Isère
Mon but ici, vous raconter – et vous montrer – ce que mes sens ont à vous dire. Bonne lecture !