Des habits et nous. Le titre sous lequel le Département de l’Isère désigne sa nouvelle saison culturelle nous inspire hautement. Pendant non moins de vingt mois et dans treize musées , nous découvrirons à quel point le vêtement se charge de bien d’autres fonctions que celle de nous protéger des éléments. Surprenant.
Nous en rêvions. Le Département de l’Isère l’a fait.
Toute une saison culturelle au titre prometteur, Des habits et nous, nous permet d’assouvir notre penchant irraisonnable pour le vêtement sans débourser un centime. Les musées du Département de l’Isère, ainsi que trois musées partenaires, se sont saisis de cette thématique du vêtement en conservant leurs identités respectives. La totalité du parcours, au fil des mois (puisque la programmation s’étend jusqu’à septembre 2025), permet même de ressortir enrichi.e.s de savoirs concernant un vêtement bien moins superficiel qu’il n’y paraît.
Certes, nous le portons. Mais lui porte nos histoires et les mutations profondes de nos sociétés. Symbolique plus qu’utilitaire, le vêtement s’est invariablement trouvé au cœur d’enjeux sociétaux majeurs.
Tour d’horizon d’une programmation dont nous avons pu voir les expositions déjà en place au moment de l’écriture de ces lignes, au musée Hébert et au musée archéologique Saint-Laurent.
Un premier Chic ! au Musée Hébert
Jusqu’au mois de juillet 2024, le musée Hébert met en regard deux expositions, réunies sous un énigmatique et bref Chic.
Dans l’exposition Denis Rouvre. Photographies, c’est à une réinterprétation du chic, profondément humaine, que l’on assiste en découvrant de fascinants portraits photographiques. Les vêtements servent ici davantage à porter notre dignité en bandoulière qu’à nous habiller. Les regards, d’une incroyable intensité, s’accrochent au nôtre.
Ce sont ceux des bénéficiaires et des salariés d’une communauté Emmaüs de Paris photographiés par Denis Rouvre, autrefois portraitiste de célébrités. L’aura que dégagent les modèles, revêtus de parures hétéroclites et flamboyantes composées à partir de vêtements de seconde main, n’a rien à envier aux stars qu’il a côtoyées. Une histoire inédite où classes sociales et folklores divers s’emmêlent inextricablement.
Le deuxième Chic ! du musée Hébert
Il est de notoriété publique que nous autres, Mondaines, entretenons une passion immodérée pour la fripe.
Aussi avons-nous porté notre attention sur une information particulière au sein de la deuxième exposition, vraiment riche, du musée Hébert, Vêtements et élégance, qui est consacrée à l’évolution de la mode au XIXe siècle. Sur une huile, aux dimensions bien modestes mais suffisantes pour attirer notre œil expert, elle était là. La friperie, telle qu’inventée et diffusée au XIXe siècle, de manière concomitante aux fameux « grands magasins ».
Car c’est avec la fabrication de vêtements en série, à des prix plus abordables, qu’un marché des habits d’occasion s’est développé… Mode d’un jour. Fripe du lendemain.
Carte blanche à Rébecca (!) fabulatrice au musée Saint-Laurent
Direction le musée archéologique Saint-Laurent pour la suite de notre parcours. Là-bas nous attend une installation, visible jusqu’en octobre 2024, intitulée Sacrés rubans (!).
L’artiste contemporaine rébecca (!) fabulatrice a eu carte blanche pour investir ce site étonnant, ancienne église et chantier archéologique. Son matériau de prédilection, fait de bretelles de soutien-gorge et autres rubans satinés, s’est insinué dans chacune des potentialités narratives de cet « antre » (devant lequel on passe trop souvent à petites foulées, sans y entrer !).
L’habit est ici évoqué à travers un élément de détail de lingerie, accessoire ultra féminin : la bretelle de soutien-gorge.
Des étoffes inédites au musée Arcabas en Chartreuse
On connaît les œuvres profondes que l’artiste Jean-Marie Pirot dit Arcabas a réalisé sur toile de jute. Elles sont visibles dans le musée qui porte son nom. On va pouvoir maintenant découvrir, du 4 avril 2024 au 30 mars 2025, une version plus intime de son travail. De fait, le peintre allait jusqu’à orner ses propres vêtements, ou ceux qu’il offrait à des proches, de ses peintures. L’habit revêt alors une dimension plus privée qui traduit quelque chose de notre rapport privilégié aux autres.
Du style sur les pistes au Musée dauphinois
Autre esprit au Musée dauphinois avec l’exposition des photographies de Jacques Henri Lartigue (du 12 avril 2024 au 6 janvier 2025). Ce dernier venait skier dans la partie chic des Alpes et en profitait, tel son confrère Robert Doisneau, pour saisir ses contemporains sur le vif. Sur ces clichés, on découvre les costumes élégants que l’on enfilait alors pour dévaler les pistes avec distinction. On retrouve là le rôle déterminant de la tenue lorsqu’il s’agit de rendre ostensible la classe sociale à laquelle on appartient.
L’art de se vêtir au Moyen-Âge au musée Saint-Antoine l’Abbaye
Difficile cette fois de mettre la main sur la vesture portée par les dames et les sieurs du Moyen-Âge. Pour des raisons évidentes de conservation. Les riches illustrations exposées au musée Saint-Antoine l’Abbaye du 7 juillet au 11 novembre 2024 n’en sont que plus précieuses. Dans ces vieux manuscrits, au charme infini, on envisagera le vêtement sous un angle anthropologique, économique et culturel.
Costumes de rêve à la maison Bergès et au musée de Bourgoin-Jallieu
Du 21 juin au 22 juillet 2024, la maison Bergès, fidèle à son credo art déco, s’intéressera davantage à la notion de costume qu’à celle de simple vêtement. Il y a les costumes qu’arborent des stars immenses comme Sarah Bernhardt. Mais il y a aussi ceux que portent les spectateurs venus se montrer ! Dans une même idée, on découvrira, du 24 mai au 8 décembre 2024, le caractère indispensable du carnet de bal au musée de Bourgoin-Jallieu. Quarante costumes aux volumes étonnants et aux matières de rêves illustreront le propos. Car on peut aussi être frivole lorsqu’on parle étoffe.
Les tenues vestimentaires : entre continuité, interdits et libertés, au musée de la Révolution française
Autre lieu, autre facette du questionnement, du 28 juin au 10 novembre 2024, le musée de la Révolution française à Vizille interrogera l’habit à travers ses collections et des prêts de la Bibliothèque nationale de France. On comprendra alors qu’il y a aussi un avant et un après en matière de tenue lorsqu’on évoque cette période charnière de l’Histoire. A l’instar de nombreuses têtes, bien des codes vestimentaires ont été tranchés…
Enfilez les habits de la Libération au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère
Le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère joue également la carte du bal. Mais façon grandeur nature puisque nous en sommes les invités costumés. Samedi 31 août 2024, nous voilà conviés à un bal qui vient célébrer la Libération à Grenoble. Une manière de revivre l’été 44 grâce au dress-code de l’époque. De fait, on peut envisager l’Histoire via la tenue à l’intérieure de laquelle nous nous glissons. A la façon d’un film d’époque dont nous serions les figurants impliqués et concernés.
Vestiaire & Plein air, l’événement !
On l’a avoué plus haut : les fripes et nous, c’est une longue histoire d’amour. Si vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances qu’il en soit de même pour vous ! C’est pourquoi, en exclusivité, on vous annonce la tenue d’un événement entièrement tourné vers le vêtement de seconde main : VESTIAIRE & PLEIN AIR. Chez les Mondaines, nous nous sommes entendues avec le Département de l’Isère pour organiser une journée dans le très beau jardin d’un non moins joli musée (mystère, mystère…). Au programme : de la musique, des ateliers autour de la fripe, des acteurs de l’économie sociale et solidaire… Envie d’en savoir plus ? Suivez-nous ici et sur nos réseaux ! La date et les infos arrivent bientôt.
Cartes blanches à des artistes qui interrogent le rapport aux vêtements
Si vous connaissiez déjà ces beaux musées, redécouvrez-les à travers les invitations faites à quatre talentueux artistes. Quatre artistes aux univers variés (expositions, installations, performances et sculptures) ont eu carte blanche pour vous inviter à découvrir le vêtement avec une autre approche. Parmi ces artistes, retrouvez Kaarina Kaikkonen, qui investit le Musée archéologique Saint-Laurent, le Musée Hébert et le Musée dauphinois. Lilian Bourgeat, lui, prendra possession des jardins du Musée Hébert. Les 4 artistes composent dans différents musées, de quoi ne jamais se lasser (les détails en lien ci-dessous).
Des Modcast qu’on a hâte de découvrir
Peut-être avez-vous déjà écouté les podcasts, rebaptisés « modcasts », réalisés par la très pertinente Hélène Altmann. Elle a inventé ce principe de faire parler des vêtements ou accessoires iconiques pour le Palais Galliera, musée de la Mode de Paris. On ne sait pas encore quelles seront les pièces des collections iséroises qu’elle choisira d’explorer au sein de la saison culturelle Des habits et nous mais on est sûr que l’autrice sera forcément inspirée !
Des habits et nous
Du 16 février 2024 à septembre 2025
Le programme ici et les grands rendez-vous dont les cartes blanches ici.
Rendez-vous le 23 juin pour notre dimanche autour du vêtement de seconde main et le weekend STYLÉ ! Week-end festif et familial le samedi 7 et dimanche 8 septembre 2023 au domaine de Vizille.
Les musées du Département de l’Isère et les musées partenaires :
Sauf mention contraire, tous les événements sont gratuits. Entrée libre dans les 11 musées départementaux.
Article partenaire dans le cadre de la saison culturelle Des habits et nous, portée par le Département de l’Isère
© Audrey Langlois
© JH Lartigue
© MBJ Cailloux et Cie
© Musée Hébert
© Kaarina Kaikkonen
© Lillian Bourgeat