Le Fil du Néron, une production de laine mohair au cœur de la Chartreuse

Harmonie n’était pas prédestinée à élever des chèvres. Férue de montagne, elle est tombée amoureuse de la région. Après une formation dans le bâtiment, la quête de sens et l’envie d’élever des animaux l’ont poussée à se lancer dans une nouvelle aventure. La chèvre angora lui est apparue comme une évidence, pour sa douceur, son espièglerie et sa laine mohair de grande qualité. Sa passion pour la laine lui vient de sa grand-mère, auprès de qui elle a appris à tricoter lorsqu’elle était enfant.

Une formation en poche et trois années de recherche du terrain agricole idéal plus tard, elle s’ancre en 2020 sur les hauteurs de Saint-Martin-le-Vinoux et crée “Le Fil du Néron”.

Ici, le troupeau est choyé, chèvres et boucs sont nourris au pâturage et soignés de façon naturelle grâce à l’aromathérapie. Dans une logique vertueuse, Harmonie a fait certifier son élevage selon le cahier des charges de l’agriculture biologique. Les chèvres angora arborent un poil long, bouclé, de couleur crème, qui est tondu deux fois par an. Chaque chèvre produit environ deux kilos de mohair brut qui est ensuite trié, nettoyé, avant d’être envoyé dans une filière de transformation pour en faire des pelotes de laine, des chaussettes, des plaids, des étoles et autres produits d’une grande douceur.

La puissance du collectif

Pour le processus de transformation de la laine, Harmonie a su s’entourer en rejoignant le label “Mohair de nos chèvres” qui assure la traçabilité de chaque étape. Une cinquantaine d’éleveurs français rassemblent ainsi leur mohair qui est ensuite géré par l’Atelier Joly situé à Castres dans le Tarn. L’atelier sélectionne les meilleurs artisans pour les différentes étapes de production – lavage, cardage, filature, teinture – et veille ainsi à la qualité de la chaîne de production avant de restituer le produit fini à ses membres.

Une véritable force qui leur permet d’unir les productions et de pouvoir proposer une gamme de produits plus large. Un collectif solidaire où chacun trouve sa place et participe à sa façon, de l’emballage au produit fini, qui constitue un véritable appui pour les jeunes éleveurs.

Harmonie travaille « seule mais en réseau » grâce au label “Mohair de nos chèvres” mais également grâce à l’ADDEAR de l’Isère, association qui aide à l’installation des jeunes paysans et promeut leur autonomie en proposant de nombreuses formations.

Harmonie est portée quotidiennement grâce à son troupeau par « le cycle des saisons, le vivant, la vie ». Ses chèvres ont le poil très fin, lui permettant ainsi de travailler essentiellement des produits qui se portent à même la peau à l’image des vêtements ou des pelotes vendues telles quelles ou tricotées par ses soins.

Elle défend un métier où la patience se veut au cœur du processus. La prise de poils des chèvres prend six mois et la transformation nécessite quant à elle un an à minima. Les produits en mohair sont donc récupérés et commercialisés un an et demi plus tard.

“Le Fil du Néron” propose une belle variété de produits en mohair : fils à tricoter, chaussettes, écharpes, étoles, plaids, tours de cou, bonnets, châles. Ses produits se veulent doux et respirants, le mohair étant réputé pour sa légèreté.  Autant de produits déclinés sous de multiples couleurs et motifs grâce à la force du collectif qui permet aux éleveurs de mutualiser leurs diversifications.

Harmonie commercialise ses produits en Isère grâce à des marchés (Saint-Martin-le-Vinoux, marché de producteurs et marché bio de Meylan) et évènements ponctuels tel que des foires ou des fêtes paysannes. Elle propose également ses créations en s’associant aux « paniers locaces », collectif de consommateurs engagés voisins, destinés aux résidents proches du Col de Clémencière.

Un « métier passion » comme elle aime le décrire qui doit son nom aux arêtes du Néron, sommet culminant à 1 299 mètres d’altitude en Chartreuse, clin d’œil à sa passion pour la montagne et au fil à tricoter en guise de ligne directrice. Avec pourquoi pas, la possibilité de proposer d’autres types de laine à l’avenir.