Aujourd’hui, nous nous élevons sur les hauteurs de Grenoble pour aller découvrir la nouvelle exposition évènement du Musée Dauphinois. « Fait Main, quand Grenoble gantait le monde » présente l’un des sujets chers aux cœurs des Grenoblois : la ganterie. Industrie phare de la Capitale des Alpes, elle connaît son âge d’or au 19e siècle et s’exporte sur les mains de toute la planète. Le gant est ici mis en lumière sous tous ses aspects dans cette exposition exceptionnelle que nous vous invitons à explorer.
Dès le titre, le savoir-faire unique des gantiers grenoblois est souligné. Délicat, fin, sophistiqué, cet artisanat devenu art va faire la richesse de la ville qui se développe en même temps que les fabriques. L’exposition rend hommage à tous ceux qui ont construit la légende du gant de Grenoble, du patron à l’ouvrier, de l’atelier à la boutique. La mémoire de cette tradition est toujours vivante, comme le prouve parfaitement le Musée Dauphinois.
Quand Grenoble gantait le monde
Tout commence dès le Moyen Âge, puisque l’on trouve la première mention de gants de Grenoble en 1342. C’est fou de se dire que cet artisanat existe depuis tant de temps! Devenu un élément essentiel de l’habillement aristocratique et bourgeois, le gant prend sa place aux bras des belles dames qui ne peuvent plus se passer de leurs paires parfumées. L’apogée de l’industrie gantière arrive au 19e siècle, on estime la production à 18 millions de paires de gants par an au plus fort de la période.
Le gant de luxe se retrouve au cœur de la fête, comme nous d’ailleurs dans l’exposition : un espace podium de défilé de mode vous attend pour découvrir de petites merveilles brodées de fils d’or et de perles. Au-dessus des têtes, des boules disco nous transportent dans un autre monde, on adore cette scénographie!
À Grenoble, les gantiers ciblent très vite la haute société de Paris, d’Europe et du monde entier, délaissant un peu leur clientèle dauphinoise. Long jusqu’aux épaules parfois, le gant devient véritablement une œuvre d’art, exposée ici dans des vitrines qui ne sont plus celles de leur boutique. C’est un objet difficile à conserver, pourtant on retrouve dans l’exposition des exemplaires extraordinaires, tant par leur ancienneté que par leur finesse de réalisation.
On apprend également que c’est un artisanat complexe, avec plus d’une dizaine d’étapes pour obtenir une paire de gants. La fabrication passe par plusieurs métiers, du coupeur de peau à la couturière, toute une série de petites mains qui permettent la création de petits chefs d’œuvre de savoir-faire. Grâce à un atelier reconstitué, on se rend compte du nombre d’outils et de connaissances nécessaires pour la réalisation d’une simple paire de gants.
L’héritage fabuleux des gantiers grenoblois
Pour toujours, l’histoire du gant de Grenoble est liée à celle de grandes familles grenobloises qui ont gravé leur nom dans les rues et places de la ville grâce à leur réussite incroyable. Les Jouvin, par exemple, atteignent la consécration ultime : leurs gants sont cités dans les romans des plus grands auteurs du 19e siècle, de Balzac à Dostoïevski.
L’entreprise entre dans la légende grâce à Xavier Jouvin qui révolutionne la façon de fabriquer les gants grâce à une invention majeure, la main-de-fer. Cet emporte-pièce métallique permet la découpe rapide de plusieurs peaux à la fois, accélérant efficacement le processus de coupe. Autre idée majeure, le système de pointures des mains transforme le commerce des gants, intensifiant la dimension sur-mesure du gant de Grenoble.
Plusieurs lieux grenoblois honorent l’héritage de cet inventeur hors-du-commun, à commencer par une place du quartier de Saint-Laurent. On retrouve également cette mémoire dans un musée situé à proximité, le Musée de la Ganterie, installé dans l’ancienne manufacture Rey-Jouvin, que l’on vous recommande grandement!
Autre dynastie marquante, les Perrin ont à leur tête Pierrette, veuve, mère de 6 enfants mais surtout cheffe d’entreprise comme jamais Grenoble n’en a eu dans son histoire. Son fils Valérien poursuit l’aventure en développant les affaires des États-Unis à l’Australie, donnant une nouvelle ampleur à la fabrique de la rue Irvoy. C’est d’ailleurs l’explication du nom des rues tout autour, correspondant aux comptoirs de New-York, de Boston, de Londres…
À Grenoble même, les vestiges des ganteries sont nombreux comme le montre une carte impressionnante dans l’exposition : difficile d’identifier ce patrimoine aujourd’hui, en dehors de quelques indices dans l’architecture des bâtiments, et c’est clairement dommage.
Le gant de Grenoble aujourd’hui
Après une dernière période faste pendant les Années Folles, les ganteries de Grenoble connaissent un déclin accéléré par le changement des habitudes vestimentaires. À l’heure actuelle, seule une maison conserve le savoir-faire ancestral du gant de Grenoble. Nous vous en avions parlé dès le début des Mondaines, la ganterie Lesdiguières-Barnier continue la tradition rue Raoul Blanchard grâce au seul Meilleur Ouvrier de France en ganterie, l’incroyable Jean Strazzeri. Si vous ne connaissez pas la boutique, n’hésitez pas une seconde, c’est l’une des adresses emblématiques de Grenoble.
Jusqu’au 27 mars 2023, vous allez pouvoir explorer cette exposition merveilleuse que nous avons personnellement adorée. Tout un programme vous attend pour mieux appréhender l’histoire du gant de Grenoble, que ce soit par des visites guidées ou des démonstrations. Retrouvez tout l’agenda ici!
Musée Dauphinois
30 Rue Maurice Gignoux, 38000 Grenoble – 04 57 58 89 01
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h et jusqu’à 19h le samedi et le dimanche.
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