Aujourd’hui, pour le deuxième épisode de notre série Un musée, une Grenobloise, nous poussons les portes du musée de l’Ancien Évêché en compagnie de Flore Hénocque, illustratrice grenobloise de talent.
Derrière les portes du Musée de l’Ancien Évêché avec Flore
Il est 10 heures du matin sur la place Notre-Dame. Le soleil pointe le bout de son nez au-dessus de l’enceinte de l’ancien palais épiscopal, qui jouxte la cathédrale et son clocher, de briques vêtu.
L’air piquant de cette heure matinale invite les quelques passants masqués à chercher la chaleur des premiers rayons qui s’écrasent au détour des ruelles pavées.
Accompagnée de son carnet de croquis et de sa palette d’aquarelle, Flore nous invite à la suivre derrière le monumental portail teinté d’indigo, signé Le Camus, avant de monter les marches de l’escalier d’honneur qui, en apesanteur, dessert les différents espaces d’exposition du musée.
À pas de velours, Flore flâne le long des pièces. Son regard se pose tantôt sur le motif géométrique d’une jarre gallo-romaine, tantôt sur les gravures d’un bijou ancien ou sur les textures d’un tableau contemporain.
C’est ici, au Musée de l’Ancien Évêché, qu’elle aime s’évader, s’égarer au fil des expositions permanentes et temporaires, traverser les âges de ce lieu aux multiples facettes, construit sur les vestiges d’un baptistère de la fin du 4ème – début du 5ème siècle, puis édifié et embelli au fil des années, avant de devenir le musée que l’on connaît, il y a un peu plus de 20 ans.
Un musée qui retrace un passé local, depuis son baptistère découvert grâce à de récentes fouilles archéologiques, jusqu’à la Chapelle privée, bâtie en 1830 à l’initiative de Monseigneur de Bruillard, en passant par les ajouts progressifs qui apportent à ce bâtiment une âme toute particulière.
Du passé au présent, comme un effet miroir, les expositions temporaires prolongent ce regard sur notre territoire. On se souviendra de la merveilleuse exposition de Doisneau en 2013, mais aussi des fabuleux clichés argentiques de Vivian Maier en 2019. Aujourd’hui, accrochées encore pour quelques jours, les calligraphies alpines du peintre naturaliste Eric Allibert, que Flore immortalise à l’aquarelle.
Flore Hénocque, créatrice d’images
Depuis sa sortie de l’école, Flore aime se définir comme “créatrice d’images”. Un médium qu’elle privilégie “pour sa capacité si libre à conter des histoires et sublimer la réalité”.
Illustratrice et professeure de dessin, elle nous partage dans ses créations un univers poétique, d’une grande finesse. Une sensibilité tout en douceur et légèreté, parfois teintée d’une touche d’humour qui se nourrit de tout ce qui l’entoure.
Comment as-tu découvert le Musée de l’Ancien Évêché ?
Je me souviens de l’exposition de Robert Doisneau. Je ne suis pas originaire de Grenoble mais l’affiche m’a donné envie d’en savoir plus sur notre région et de découvrir le travail de cet artiste, dans un contexte que je ne lui connaissais pas.
J’ai profité d’un temps libre en ville et j’ai franchi cette belle porte bleue. Le lieu m’a immédiatement séduite. Je l’ai exploré et m’en suis imprégnée. J’ai adoré cette pluralité dans les espaces, ces différentes ambiances, le cachet du lieu, ce mélange entre ancien et modernité et le clou de la visite : le baptistère !
Que préfères-tu dans ce musée ?
Aujourd’hui, j’apprécie aussi particulièrement le silence qui y règne, sans doute lié à son passé clérical. On ressent l’historique du lieu et tous les efforts de rénovation et d’embellissement mis en œuvre. Cela me touche. J’aime l’atmosphère qui s’y dégage. Une atmosphère qui m’apaise et des expositions qui sont toujours un ravissement, tant par leur qualité que leur scénographie.
En quoi la relation à ce lieu de culture vient-elle nourrir ta relation à ton métier ?
C’est important pour nous, dessinateurs, de ne pas trop nous enfermer, notre pratique nous y conduit souvent. Pour se renouveler et enrichir son propos, il faut s’ouvrir au monde qui nous entoure et être curieux. Les musées sont une part de culture importante.
Au musée de l’Ancien Évêché, les expositions sont choisies avec soin et les œuvres mises en valeur de façon à raconter une histoire. C’est une petite évasion. Ce musée est assez intimiste et je trouve qu’on se laisse happer facilement pour quelques heures. On en ressort “aérien” et la tête rafraîchie d’idées neuves.
Ce musée m’est plus cher que les autres car je trouve qu’il y est facile de se poser pour croquer, exercice essentiel de notre pratique. On peut facilement se sentir isolé et dans sa bulle pour prendre ce moment, c’est précieux pour nous.
La vie des musées continue…
Malgré la privation de public, la vie du musée de l’Ancien Évêché continue grâce au travail des équipes qui l’animent. En ce moment même, l’exposition temporaire est en train d’être démontée afin d’accueillir la suite de la programmation 2021, stay tuned !
Envie de découvrir d’autres musées du Département vus par des Grenobloises ? Retrouvez Elise au Musée de la Résistance et de la Déportation, dans une balade au fil de l’exposition Femmes des années 40.
Musée de l’Ancien Évêché
2 rue Très Cloîtres
38000 Grenoble
Tel : 04 76 03 15 25
Entrée gratuite
Retrouvez tous les musées du département ici : musees.isere.fr
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