« Au bout de chaque rue, une montagne » disait Stendhal. Et si, au lieu de regarder l’horizon, nous levions les yeux au ciel ?
Aujourd’hui, nous partons explorer les ruelles pavées et avenues ensoleillées grenobloises à la découverte de l’extraordinaire mélange architectural au fil des époques accompagnés de Vincent de Taillandier, guide conférencier à l’Office de Tourisme Grenoble Alpes. Sous nos yeux, les immeubles et bâtiments devant lesquels on passe souvent sans vraiment apercevoir qu’ils sont le témoin de la créativité des architectes et des styles qui ont traversé la ville. Le nez en l’air, ça flaire bon l’art déco, la belle époque et tant d’autres joyaux qui nous sont sous-titrés par Vincent et son intarissable passion pour Grenoble.
Une histoire ancienne, une architecture éblouissante
Premier arrêt, place du tribunal.
Connaissez-vous la statue du chevalier Pierre Terrail, mieux connu sous le nom de Bayard ?
Réalisée par le sculpteur Nicolas Raggi en 1922, la statue du « chevalier sans peur et sans reproche » témoigne de sa bravoure et de son honnêteté inébranlable.
En décalant légèrement votre regard vous apercevrez l’Église Saint-André, classée monument historique, qui incarne à la perfection l’âme de cette cité historique. Elle fait face à l’ancien parlement du Dauphiné et sur son extraordinaire façade se côtoient saints, symboles royaux et allégories de la justice. Lorsque les rayons du soleil la caressent, les subtilités sculpturales prennent vie, comme une invitation à voyager dans le temps et à imaginer les débats animés d’antan.
Les fenêtres à meneau, témoins d’une époque
Nous continuons notre exploration Rue Servan où se cache un trésor d’une élégance discrète : des fenêtres à meneau.
Leurs montants délicats divisent la lumière naturelle de manière gracieuse et confèrent avec humilité une ambiance chaleureuse et accueillante à cette ruelle. Bien que discrètes à première vue, ces gardiennes silencieuses du passé ont un impact indéniable sur l’esthétique des bâtiments du 17e siècle. Les aviez-vous remarquées ?
Des façades « carte postale »
Que serait Grenoble sans ses maisons colorées longeant les quais ? Difficile de l’imaginer.
Véritable bouffée de fraîcheur dans le paysage urbain, prenons le temps de les apprécier de loin puis traversons l’Isère, direction le quartier Saint-Laurent. Une immersion vivifiante dans une architecture qui rappelle les riveras italiennes et leurs couleurs de façades vitaminées. Un des quartiers les plus anciens de la ville, source inépuisable d’inspiration et de contemplation.
La maison de famille de Stendhal
Entracte littéraire au 2 Rue de Bonne, entre la place Grenette et l’arrêt de tram Hubert Dubedout.
Bienvenue à la maison d’un certain Chérubin Beyle, père du romancier et essayiste Stendhal. Construite au début du 19e siècle dans le style Empire, synonyme d’opulence, de grandeur et de classicisme, ce style architectural est caractérisé par un retour à l’esthétique de l’Antiquité romaine et grecque, avec des éléments architecturaux symétriques et d’une grande élégance.
Cette maison illustre la fière histoire littéraire de Grenoble et son éminente figure, auteur du livre Le Rouge et le Noir, Stendhal.
Place de Verdun, le style seconde empire sur son 31
Bien plus qu’une simple esplanade urbaine, la place Verdun abrite des trésors culturels dont l’un des plus remarquables est l’ancien musée de la peinture, datant du 18e siècle. Bien que le musée ait trouvé une nouvelle demeure, ce bâtiment renommé La Plateforme reste un lieu chargé d’histoire. Il est aujourd’hui un centre d’information sur les projets urbains.
En faisant un demi-tour sur vous-même vous ferez face à l’arrêt de Tram Verdun-Préfécture.
Vous admirerez alors un immeuble du Second Empire. Il se distingue par sa façade en pierre, ses balcons en fer forgé, son toit en ardoise et ses ornementations délicates. En regardant bien vous apercevrez ses corniches sculptées et certains détails architecturaux somptueux. Les bâtiments dans le style second empire racontent l’histoire fascinante d’une époque où l’architecture était un moyen d’exprimer la prospérité et la puissance de la France sous Napoléon III. Les balcons ouvragés, les portes monumentales et les façades richement décorées témoignent du souci du détail et du sens du style de l’époque.
La Belle Époque
Le premier se dresse droit face à porte de France, le second fait l’angle de deux axes incontournables de la ville.
Deux styles qui se séparent de quelques décennies. Vous les avez surement déjà vu, mais les avez-vous observé ?
Le premier (photo de gauche) construit dans le style Art Nouveau se distingue par son originalité, témoignant de l’ère créative qui a caractérisé le tournant du 20e siècle. Ici, vous découvrirez un bâtiment riche de détails audacieux, arborant des motifs organiques et des courbes gracieuses. En observant chaque détail vous pourrez découvrir l’élégance des balcons en fer forgé et les courbes de certaines fenêtres en arc.
Le second (photo de droite) construit dans le style Haussmannien vous semblera sans doute plus familier.
Caractérisé par leurs structures symétriques, leurs façades en pierre de taille, leurs balcons en fer forgé et leurs toits à mansardes, les immeubles haussmanniens sont nombreux a Grenoble. Ils apportent une élégance intemporelle à la ville, témoignant de l’effervescence de la période qui a vu naître ces bâtiments. Ils sont un rappel constant de l’époque où Grenoble a embrassé les idéaux de la Belle Époque.
Une basilique dans le style Art déco ?
Laissez-vous surprendre par l’originalité de cette basilique, construite dans un style entre le roman primitif et l’art déco. Niché au sein de la place de Metz, dans l’hyper-centre grenoblois, sa façade reste fidèle à l’esprit romano-byzantin, reconnue par ses dualités de couleur, qui lui donne un caractère joyeux. Les aménagements intérieurs s’inspirent fortement de l’art déco et s’allient avec beaucoup de finesse à l’esthétique extérieure.
À l’abordage !
À quelques mètres de la basilique, de l’autre côté de la rue adjacente, vous découvrirez un bâtiment construit dans le Moderne Style, l’évolution du style Art Déco.
Il se démarque nettement du panorama grâce à son son architecture de forme arrondie en relief, centré entre deux façades à la composition symétrique.
Vous l’aurez sans doute deviné, son architecture s’inspire des paquebots transatlantiques, avec un air de bastingage.
Hissons à présent les voiles pour une autre curiosité architecturale, les Trois Tours.
Les géantes grenobloises
Vous ne pourrez pas les louper. À quelques pas de l’Hôtel de Police, au Nord-Est de Grenoble, vous tomberez nez-nez avec trois immenses Tours, de chacune 98 mètres de haut.
Construites entre 1965 et 1968, les structures conçues à l’échelle imposante du paysage environnant, se dressent comme des ruches aux alvéoles extérieures, capturant immédiatement l’attention. Les balcons sont disposés d’une manière à créer une danse d’ombres et de lumières, transformant les façades en tableaux volumétriques abstraits.
En approchant de leurs bases vous découvrirez des halls d’entrée habillés de mosaïques étincelantes et tenterez de compter les 28 étages qui totalisent 500 logements. Incarnant l’environnement qui les entoure, ces édifices furent baptisés « Belledonne », « Vercors », et « Mont Blanc ».
C’est ici que se termine notre aventure architecturale, en collaboration avec l’agence Grenoble Alpes. Au fil de notre exploration, nous aurons découvert des trésors historiques et des joyaux architecturaux qui racontent l’histoire de Grenoble Alpes, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours. Ces bâtiments sont les gardiens de notre histoire et les témoins de notre créativité contemporaine. Chaque rue, chaque place, chaque façade révèle une parcelle de l’âme de la capitale des Alpes, des statues héroïques aux églises Art Déco, des fenêtres à meneau aux maisons colorées du quartier Saint-Laurent, de la maison du père de Stendhal à la place Verdun et ses bâtiments chargés d’histoire, Grenoble se dévoile comme un trésor d’architecture lorsqu’on lève les yeux au ciel.