EXPERIMENTA, les noces fertiles des arts et des sciences

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Quand Arts et Sciences se mêlent pour le meilleur, cela donne EXPERIMENTA, La Biennale, organisée par l’Hexagone du 4 février au 1er mars 2025 sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise. Voilà notre sélection maison au sein d’une riche programmation de spectacles, expositions et performances.

Déjà la douzième édition d’Experimenta, La Biennale (du 4 février au 1er mars sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise) organisée par l’Hexagone Meylan. Pourtant, l’évènement ne semble pas aussi connu qu’il le mériterait au sein de la capitale des Alpes. Peut-être parce que jusqu’alors l’une de ses manifestations phares s’incarnait dans le salon Minatec sur la presqu’île scientifique, aux portes du CEA. Un endroit où ne se rendent pas spontanément les Grenoblois·e·s. Pour cette édition, pas de salon Minatec mais des expositions, des spectacles et des performances recentrés au cœur de l’agglomération. Avec, toujours, la même ambition : faire se croiser de manière fertile les arts et les sciences. Deux parcours thématiques traversent les nombreuses propositions : États des Eaux et Empreintes, Vice Versa. Comme à notre habitude, on a cherché à vous aiguiller un petit peu en vous présentant nos cinq coups de cœur.

Coeurcolère

spectacle

« Il y a quelque chose de merveilleux dans le scientifique qui est très fertile pour la création de plateau. »

Olivia Csiky Trnka, créatrice de Cœurcolère.

« J’intègre régulièrement des aspects scientifiques dans mes pièces. Ça dit beaucoup de notre monde. Il y a quelque chose de merveilleux dans le scientifique qui est très fertile pour la création de plateau », commence Olivia Csiky Trnka, créatrice de Cœurcolère. Un discours qui pourrait quasiment tenir lieu de manifeste à la biennale Experimenta. Ce serait d’autant plus pertinent que le parallèle entre arts et sciences opéré par la metteuse en scène s’avère aussi audacieux qu’inspirant. « En visitant une centrale nucléaire et en me trouvant tout proche d’un réacteur, j’ai eu une illumination. Je me suis mise à la place de l’uranium dont on force la réaction en chaîne et dont on détourne l’énergie. Cela m’a fait penser aux multiples injonctions que l’on fait peser sur le genre féminin : être drôle, belle, s’occuper de tous, mais tout cela en restant discrète… Comme pour le nucléaire, les conditions de la catastrophe sont là : colère et énergie peuvent sortir et nous échapper. » Comparer l’énergie nucléaire à la colère sourde des femmes : prometteur ! On a hâte de découvrir quelle forme cela prendra en plateau.

Hexagone Scène Nationale
Mardi 4 février, à 20h
Infos 

L'art d'avoir toujours raison

spectacle

Si vous rêvez de maîtriser l’art d’avoir toujours raison, vous devez assister à cette fausse conférence proposée par deux scientifiques issues du Groupe International de Recherche pour Automatiquement Fédérer les Électeurs (G.I.R.A.F.E.). « On croit que la propagande est l’apanage des dictatures et que, dans nos démocraties, on en est plus ou moins épargnés », constate Sébastien Valignat, metteur en scène dans la compagnie Cassandre, qui signe L’art d’avoir toujours raison. On se doute de la suite de son raisonnement. Car, en réalité, nous n’avons jamais été aussi exposés aux techniques de la propagande. Mais comment nous en protéger ? Plutôt que de nous enseigner des sortes de techniques d’auto-défense en matière de manipulation intellectuelle, la compagnie Cassandre a trouvé plus rigolo de nous transmettre une méthode simple, rapide et infaillible pour remporter une élection. Ce qui revient plus ou moins au même en termes d’apprentissage mais qui promet en effet de nous amuser davantage. On espère en outre pouvoir transférer nos nouveaux savoirs dans les sphères privée et professionnelle…

TMG – Grand théâtre
Mercredi 5 et Jeudi 6 février 20h
Salle des fêtes – Crêts-en-Belledone
Vendredi 7 février 20h
Salle Cartier-Millon – Saint-Nazaire-les-Eymes
Samedi 8 février 20h

Infos 

Strates

expo

Dans cette proposition visible au musée de Grenoble, il y a le plus pur esprit d’Experimenta. À savoir la rencontre, féconde, entre un ou des artistes et un ou des scientifiques. En l’occurrence, l’artiste plasticien Yves Monnier a fait la connaissance de Laure Brayer (Architecte DE – Laboratoire AAU-CRESSON, ENSAG, Grenoble), de Marc Higgin (Anthropologue – Laboratoire AAU-CRESSON, Grenoble) et d’Olivier Labussière (Géographe et coordinateur scientifique au laboratoire PACTE, CNRS, Grenoble). « Ce groupe de chercheurs de l’Université de Grenoble travaille sur la formation des strates contemporaines. C’est-à-dire des rapports à l’air, des dépôts atmosphériques et de la perception de cette atmosphère contemporaine par les gens », résume Yves Monnier.

Lorsqu’il raconte son mode de fonctionnement artistique, on se dit que la rencontre entre ces individus-là était écrite. « Je dépose de pochoirs dans les paysages et je demande au paysage sa participation dans la matérialisation d’images qui, au départ, sont des photographies. Ce sont toutes les particules présentes dans l’air, dans l’eau, les passages d’animaux, l’activité humaine, non humaine qui vient imprégner le support du pochoir. Après un petit délai, j’enlève l’image que j’ai découpée et sur la plaque apparaît un contraste entre la partie qui a été protégée et la partie qui a été soumise aux éléments. » Résultat : les images révélées se dotent d’une inquiétante étrangeté assez fascinante.

Musée de Grenoble
Du 8 février au 1er mars 2025
Infos 

Submersion

expo

Dans la série de sérigraphies Submersion exposée au musée Vallès, on aime la façon dont le travail artistique permet judicieusement la médiation d’un discours scientifique. « Les glaciologues de l’Institut des Geosciences et de l’Environnement (IGE) ont sollicité les Beaux-Arts de Grenoble-Valence pour transformer une partie de leurs recherches en œuvres d’art », nous explique Alizée De Pin, graphiste-autrice et dessinatrice. Laquelle a été invitée par les professeurs des Beaux-Arts de Valence à une résidence d’artistes dans le but de produire les affiches susnommées à partir des données fournies par les glaciologues. Outre l’intérêt graphique de ces sérigraphies, on leur reconnaîtra également un intérêt pédagogique relatif à l’impact de la fonte des glaces sur la montée du niveau de la mer.

Espace Vallès – Saint-Martin-d’Hères
Du 8 février au 1er mars 2025
Infos 

Astérismes

installation

Une précision lexicale s’impose. Les astérismes sont les figures que les humains voient dans le ciel à l’intérieur d’une ou plusieurs constellations. Par exemple, dans la constellation de la Grande Ourse, on voit l’astérisme de la Grande Casserole. Imaginez maintenant ce principe visuel transposé à l’univers sonore. Vous faites partie d’un groupe d’individus répartis dans l’espace. En l’occurrence, vous êtes tout en haut de la ville, dans la Salle Dutrievoz, au cœur de la Bastille. Vous déambulez librement, votre smartphone à la main. Du vôtre, sort un son. De celui du voisin, un autre. Et ainsi de suite jusqu’à composer à vous tous une création sonore, certes préalablement écrite par Aki Ito et imaginée par Jean-Philippe Lambert, mais subordonnée aux aléas de vos déplacements dans la salle voûtée de la Bastille. Ce qui nous séduit le plus dans cette idée ? L’usage détourné du téléphone portable est tout aussi paradoxal que convaincant ici puisque cet objet, qui exacerbe habituellement l’individualisme, sert ici de ciment entre les êtres. Il favorise une sorte d’écoute sociale en nous liant, sonorement, les uns aux autres. Ce que le designer sonore Jean-Philippe Lambert confirme : « L’un des objectifs que l’on vise c’est que les gens se détachent aussi de l’usage habituel de leur téléphone. Qu’ils puissent se détendre, se libérer. D’où la construction temporelle assez lente de la composition qui invite les gens à se poser. » Pour avoir testé l’expérience, on peut vous dire que l’effet d’apaisement est bel et bien au rendez-vous.

Salle Dutrievoz (Site sommital de la Bastille)

Performance musicale participative (15min) Samedi 22 février et samedi 1er mars à 14h, 15h, 16h, 17h. L’installation sera aussi visible sans les performances du 8/2 au 01/03, comme toutes les autres.

Infos 

  • En tant que journaliste et biographe, j’aime entendre et raconter toutes les histoires. En particulier celles qui concernent les habitants de ma ville d’adoption. Vous en trouverez quelques-unes ici.

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