« On vend une histoire. » Ces mots, sont ceux de Jean-Pierre Polidori, directeur d’Emmaüs Grenoble. Cet homme au sourire jovial et aux yeux rieurs est un fervent défenseur de l’idée qu’acheter chez Emmaüs est un acte engagé auquel tout le monde pourrait participer. Démonstration.
Rien ne se perd, tout se transforme
La plupart d’entre nous connaissent Emmaüs par ses lieux de collectes, où chacun va déposer ses affaires devenues trop encombrantes. Mais il y a derrière ça un formidable travail de fourmis mis en place pour permettre à tous de trouver de véritables trésors dans les salles de vente. Tri, revalorisation, réparation, toutes les étapes essentielles à une bonne entreprise de seconde main y passent !
Jean-Pierre le confirme, d’un point de vue social mais aussi environnemental,
c’est un véritable laboratoire de création et d’innovation.
Ainsi, les petites (ou grandes) mains réparent l’électroménager, rénovent une caravane pour en faire un fournil (permettant d’apprendre à faire du bardage et du pain d’une pierre deux coups !), ou même décapent des meubles peinturlurés avec du sable projeté. Ce procédé sans utilisation de substances toxiques permet de repartir de zéro, mais a surtout un rendu magnifique qui donne un teint de pêche à un meuble qui a déjà bien roulé sa bosse. Il est même possible d’y être formé si l’idée vous inspire.
400 tonnes de dons récoltés par an, dont 100 de vêtements
Qui n’est jamais allé chez Emmaüs afin de se trouver un costume pour sa soirée déguisée ? La nouvelle génération est bien plus audacieuse aujourd’hui et choisit même de s’y rendre pour sa garde robe. Et ils ont raison ! Dans une ère où il y a sur la planète bien plus de vêtements disponibles que véritablement nécessaires, faire le choix de porter des pièces avec une histoire déjà existante est un acte important. Autant qu’il est stylé !
Emmaüs prend tous les dons et en réutilise actuellement 23 %, ce qui est fort conséquent lorsque l’on sait qu’au mois d’avril dernier, cinq à six tonnes de vêtements y ont été vendus.
Malheureusement, avec l’avancée des sites de revente en ligne et des marques d’ultra fast-fashion, les dons faits à Emmaüs sont de moins en moins bonne qualité et de plus en plus difficile à revaloriser. Alors pour allier acte solidaire et engagement éco-responsable, qui que vous soyez, filez direction Emmaüs pour dénicher une perle rare au même prix que ces marques. Au passage, prenez dans votre sac la vieille lampe de Mamie pour en faire don à cet emblème de l’entraide et de l’économie circulaire… et le tour est joué.
“La finalité des compagnons c’est la solidarité”
Le mouvement Emmaüs est fondé sur des valeurs d’aide sans condition des plus démunis en leur donnant accès notamment à un travail. Les communautés d’Emmaüs vont encore plus loin dans cette noble quête de solidarité en offrant l’accueil à n’importe qui ayant besoin d’un toit. Jean Pierre Polidori, le confirme: ici « nous sommes en première ligne de la précarité, là où les gens qui n’ont rien, trouvent une alternative à une société dans laquelle ils ne trouvent pas de place. »
C’est ainsi qu’entre les joyeux murs de la communauté de Grenoble, sont logés et nourris 82 compagnons de 28 nationalités différentes, toutes générations confondues! Que ce soit Marc, présent ici depuis 26 ans et bientôt à la retraite, Tatiana arrivée il y a une semaine avec son mari ou Nassima très impliquée dans son rôle de référente textile, tous ont des histoires aussi riches les unes que les autres.
Un accompagnement très protecteur dans un altermodèle
L’objectif d’Emmaüs c’est d’être la canne sur laquelle s’appuyer pour reprendre pied. Céline Penven, éducatrice spécialisée, explique que quand une personne arrive, elle établit avec elle un bilan de ses besoins, envies, difficultés et projets (qui peut être tout simplement de se poser) afin de lui apporter toute l’aide possible.
Mais avant tout, l’important c’est d’y aller à son rythme. Qu’on reste dans la communauté pour deux semaines ou pour 20 ans, chacun a sa place. Ici pas de pression de résultats puisque les communautés Emmaüs sont indépendantes des pouvoirs publics. Le financement est entièrement dû aux salles de vente, et ça fonctionne ! Le projet est d’ailleurs d’ouvrir une nouvelle boutique en ville afin d’augmenter le nombre de places d’hébergement, la boutique du centre ville a déjà permis d’ouvrir trois nouvelles places.
Des chiffonniers 2.0
L’Abbé Pierre croyait fermement en l’idée de retrouver de la dignité par le travail. Alors on se forme ! Mamadou, arrivé en France en 2016, est très fier de nous apprendre que désormais il sait lire le français. Que ce soit pour un projet collectif comme créer un fournil dans une ancienne caravane ou pour réparer une vieille machine à laver, toute occasion est bonne pour acquérir de nouvelles compétences.
En plus d’y dénicher des pépites, acheter ou faire un don, Emmaüs a un impact colossal puisqu’il est triple : environnemental, social et solidaire (mais aussi militant). Après des dizaines d’années, c’est simple, personne n’a fait mieux dans le domaine. Et si jamais cela vous intéresse, ils cherchent des bénévoles.
Emmaüs Grenoble – Sassenage
33 Av. de Valence, Sassenage
Dons et dépôt d’objets : du mardi au samedi : 8h – 17h30
Vente : mercredi et samedi 10h – 12h et 13h30 – 17h30, mardi, jeudi et vendredi 13h30 – 17h30
Emmaüs Centre Ville
11 rue Saint-Jacques, Grenoble
Vente : mercredi et samedi 11h – 18h30, mardi, jeudi et vendredi 13h – 18h30
Article rédigé par Maëva Bridonneau
Article réalisé en partenariat avec Grenoble-Alpes Métropole