Qui a dit que le tricot n’était réservé qu’à nos grands-mères ? Sûrement pas Ana, qui a ouvert il y a cinq ans sa boutique de laine au cœur du quartier Championnet, dans le centre-ville de Grenoble. Cette passionnée de mailles bouscule les codes et dépoussière l’image du tricot traditionnel en proposant des ateliers thématiques, des cours et des évènements loin des clichés vieillissants.
Originaire du sud de l’Espagne, c’est à Grenoble que la jeune femme a décidé de créer l’espace dont elle rêvait. Initiée par sa mère, Ana découvre le tricot à la fin de ses études. Séduite par les matières, les textures et les couleurs, le tricot devient vite une passion, qui ne la lâchera plus.
Des ateliers tricot pour oser se lancer
De cette rencontre avec la matière, naîtra Lanae, une jolie boutique de laine à la sélection pointue, où transmission et partage sont les maîtres-mots. Ana, issue d’une famille d’enseignants, était professeur de langue étrangère avant sa reconversion professionnelle : la transmission fait partie de son ADN depuis toujours.
« Je ne souhaitais pas uniquement vendre de la laine. Mon premier souhait était surtout de proposer un service d’apprentissage, grâce aux ateliers ».
Bien que de nombreux tutoriels soient aujourd’hui disponibles sur internet, la technique, parfois ardue, peut décourager les débutants. Il faut alors s’armer de patience et de persévérance. Rassurez-vous, pour celles et ceux qui souhaitent apprendre la gestuelle et maîtriser certaines mailles plus facilement pour se lancer dans le tricot, les ateliers proposés par Lanae, sont une parfaite alternative.
« En plus de l’apprentissage, ces rendez-vous créatifs sont l’occasion de rencontrer d’autres tricoteuses, d’échanger sur les projets en cours, d’évoluer ensemble, dépasser certaines difficultés ou encore se challenger. »
La part belle aux laines naturelles
Depuis sa reprise de cette ancienne boutique de laine en 2017, la trentenaire incarne le tricot moderne et attire des élèves à son image. Lors du lancement de Lanae, elle bénéficiait déjà d’une base de produits bien établie. Cependant, en tant que jeune commerçante tricoteuse, elle a dû convaincre la clientèle habituée. « À l’ouverture de la boutique, mon âge était plutôt un handicap. J’ai dû prouver aux clientes de générations précédentes, que j’étais à la hauteur du savoir-faire et de leurs attentes ». Au fil du temps, cette passionnée du tricot ajoute aux marques de références déjà présentes, des gammes de laine françaises ou européennes qu’elle choisit naturelles.
« Les fibres naturelles sont assimilée aux laines piquantes. Alors, en boutique je prends le temps de faire découvrir les matières en offrant la possibilité de toucher des pièces déjà tricotées. J’aime aussi expliquer l’importance du choix de la qualité garant de la durabilité. »
Tricoter hors les murs
Le tricot est encore perçu pour beaucoup, comme une pratique qui a fait son temps. Mais, croyez-le ou non, il est bel et bien revenu au goût du jour. Pourtant, encore trop peu de jeunes tricoteuses osent sortir leurs aiguilles et pelotes de laine en public, et pour cause :
« Tout le monde n’est pas forcément à l’aise avec le fait de tricoter dans un café ou dans un parc. Contrairement à l’Angleterre ou aux États-Unis, nous n’avons pas encore l’habitude de croiser des tricoteuses dans notre quotidien. Les ateliers et événements que je propose, sont une première étape pour tricoter hors de chez soi, oser et s’assumer ».
Un loisir créatif, mais pas que…
Au-delà, du hobby en lui-même, Ana envisage également le tricot comme une véritable démarche engagée. En créant, des ateliers thématiques, des ventes éphémères ou encore des évènements tricot dans la rue Génissieux, Ana contribue à faire évoluer la vision traditionnelle et véhiculer des valeurs qui lui sont chères. Autrefois reléguée comme tâche domestique attribuée aux mères de famille, le rapport entre tricot et féminité reste aujourd’hui encore particulièrement sensible. « Ce savoir-faire a longtemps appartenu aux femmes et il me semble important de le valoriser et de l’assumer avec fierté » explique-t-elle.
Faire en sorte que la pelote de laine gagne du terrain dans notre quotidien est une manière de revendiquer fièrement l’histoire qui lie les femmes à cet artisanat d’art ancestral. Réinscrire le tricot dans notre époque est également une façon de revoir ses enjeux concernant l’empreinte écologique liée à la consommation vestimentaire.
« L’industrie du textile est l’une des plus polluantes. Fibres chimiques, non recyclables, les vêtements sont faits à la main dans des conditions de fabrication peu éthiques », rappelle la jeune femme qui ne cherche pas la perfection mais souhaite mener le sujet à la réflexion.
Lanae Tricot fête ses 5 ans : weekend évènement
Que vous souhaitiez découvrir l’art de la maille, maîtriser les aiguilles comme jamais, adopter une démarche plus éthique dans votre consommation, ou tout simplement pratiquer un loisir pour ralentir et vous offrir un moment de détente, le tricot semble cocher toutes les cases.
Comme chaque année, en septembre, Ana organise un weekend événement et investit la rue Génissieu. À cette occasion, Ana fera découvrir l’univers coloré de la laine et toutes ses possibilités. Elle envisage cet anniversaire comme une invitation à prendre le pouls de cette pratique artisanale pour se rendre compte que le tricot est bel et bien vivant et plus que jamais à la boutique Lanae.
Lanae Tricot
5 Rue Genissieu,
38000 Grenoble
Ouverture : du mardi au samedi
@lanaetricot
Podcast tricot de la boutique avec Ana
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