À gauche, Abdo Shanan devant son œuvre TV
Jusqu’au 15 octobre, au centre national d’art contemporain de Grenoble, venez découvrir l’exposition collective “En attendant Omar Gatlato”. Attenantes, les expositions personnelles de Cindy Bannani et Ufuoma Essi complètent cette dense et polymorphe proposition, pour un ensemble qui ne cesse d’interroger nos rapports aux identités dans nos sociétés.
“En attendant Omar Gatlato”
Empruntant son nom au film éponyme de Merzack Allouache tout comme au fameux titre de Beckett, l’exposition “En attendant Omar Gatlato” choisit de porter un regard sur l’art en Algérie et dans sa diaspora. Ainsi, elle fait dialoguer des œuvres d’artistes partageant leur attachement avec ce pays de par leur ancrage géographique ou via le sentiment d’appartenance qui les lie à cette nation. Il s’agit là de la seconde grande exposition collective proposée au CNAC depuis sa réouverture en novembre dernier.
Une des 61 photographies projetées du Tilawin project
Le dîner de Waghzen de Younis Baouche
Le parcours fait résonner la pluralité des voix et la richesse de la scène artistique algérienne. Loin des stéréotypes, cette mise en perspective invite le spectateur à déconstruire son regard grâce à la pluralité des expressions portées, et à capter les occurrences et questionnements traversant ces êtres. L’état des lieux est aussi riche que protéiforme. Ce ne sont pas moins d’une dizaine d’artistes qui se trouvent présentés, avec les questions qui les habitent, et des œuvres autour des tensions politiques, économiques ou climatiques agitant le pays. La mise en résonance de ces enjeux avec d’autres plus intimes, offrent un temps suspendu pour se départir des clichés.
Des spectateurs de l’œuvre de Louisa Babari, “Auto-Reference”.
“Les 35 et les 99 965 autres”
Conjointement et dans un espace attenant, Cindy Bannani, qui fit ses classes à l’ESAD à Grenoble, présente le fruit de sa résidence des derniers mois au Magasin. Son titre, “Les 35 et les 99 965 autres”, fait référence à la marche pour l’égalité et contre le racisme à travers la France de 1983, et aux personnes qui y participèrent, dont 35 partirent de Grenoble.
La pièce maîtresse de l’exposition, une longue banderole chatoyante, est étendue au sol. Elle est le fruit d’une broderie collective menée avec des habitants de la ville et s’inscrit dans un travail de mémoire autour de cet acte fondateur du mouvement anti-raciste. Chaque visiteur peut s’attabler pour participer et poursuivre la besogne entamée. Ce temps long du travail d’aiguille est l’occasion de faire revivre cet événement en l’évoquant et peut-être de tisser un indéfectible lien entre passé et présent.
“Is my living in vain”
Dernière étape dans un auditorium transfiguré, où Ufuoma Essi propose une expérience immersive bouleversante, avec “Is my living in vain”. Porte franchie, nous voici pénétrant dans la reconstitution d’une église baptiste avec un film en lieu et place de l’autel. À l’écran, des chanteuses gospel entonnent la chanson éponyme et interrogent par la même notre rapport au rituel.
L’artiste Ufuoma Essi
De la banlieue de Londres qui l’a vue naître jusqu’à Philadelphie, Ufuoma Essi filme, des deux cotés de l’Atlantique, les points de jonction intra-culturels que l’on peut relever. Face à la gentrification des quartiers dans lesquels évoluent les personnes de cette communauté, ces exemples de résilience réconfortent. Ils attestent ici comme ailleurs de l’importance universelle de pouvoir se réunir pour se retrouver contre la dilution des identités.
Le Magasin – Centre national d’art contemporain
8 esplanade Andry-Farcy, Grenoble
Plus d’infos sur l’expo ici
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