Un conte noir, fantastique et politique, cruel et mordant, sur l’avènement et le maintien d’un « monstre » au pouvoir. Voilà tout le propos du spectacle Le Dragon qui s’apprête à brûler les planches de la MC2.
Une pièce, rarement reprise, écrite en 1943 par le dramaturge russe Evgueni Schwartz (1896-1958) et portée par le talentueux Thomas Jolly, l’un des metteurs en scène français les plus prometteurs de ces 10 dernières années.
Une réflexion actuelle
Depuis quatre siècles, un dragon despotique règne sur une ville au fin fond du monde, jusqu’à ce qu’un homme providentiel arrive pour le défier. Une fois le monstre porté hors d’atteinte, de nouvelles interrogations surgissent au sein des habitants. Comment restructurer une société lorsque son dictateur n’est plus présent ? La pièce dénonce le fait qu’un pouvoir, même quand il s’impose d’abord par la force des armes, ne peut dominer et exploiter durablement une société sans la collaboration, active ou résignée, d’une partie notable de ses membres.
Un combat d’idées autour de la liberté qui fait écho à la période que nous traversons. Une manière de nous inviter au « vivre ensemble », à réinventer un monde auquel nous souhaitons croire et nous inciter à réfléchir à ce que nous attendons d’un « pouvoir » à l’approche des élections présidentielles. Et derrière le combat entre le monstre et le héros, c’est celui de la liberté face à la « servitude volontaire » qui se joue.
Un mélange des registres
Sur scène, une quinzaine de comédiens donnent vie à leurs personnages à travers une théâtralité généreuse, une frénésie irrésistible et une drôlerie corrosive. À la manière des fourberies chères à Molière, ils n’hésitent pas à exagérer les traits caricaturaux de certains personnages, et endossent chacun plusieurs rôles. La jubilation est au cœur de la pièce, on passe de la comédie au burlesque, au tragique, au drame, au fantastique.
C’est aussi une plongée immédiate dans le conte. Des monstres, un chat qui parle, un tapis volant, des marionnettes, des objets animés…Thomas Jolly a le goût de la fable, de la grande histoire. Il réunit là les ingrédients d’un véritable théâtre populaire et exigeant.
Du grand spectacle
Au sein de cet univers ambiance « caverne aux livres et parchemin », la musique est omniprésente, les lumières tape-à-l’œil. Le metteur en scène a utilisé tous les outils qui font l’élégance du théâtre : de la machinerie, des effet spéciaux, des costumes, du maquillage…Tout est conçu pour être visuellement grandiose, pour nous transporter, nous dépayser.
Et pour autant, le décor ne ressemble pas à une grosse production hollywoodienne… Les effets spéciaux s’appuient sur la poésie du texte, et tous les outils du théâtre sont au service du propos.
Une œuvre épique, édifiante, qui questionne nos convictions, nos certitudes. Le tout à travers de généreux déploiements scénographiques. Effets magiques assurés !
Notez que la MC2 propose de remporter deux places pour ce très beau spectacle. Toutes les infos sur notre page Instagram.
Pour les réservations, c’est ici !
Le Dragon, d’Evgueni Schwartz, par Thomas Jolly
Représentations à la MC2, mercredi 23 mars, jeudi 24 mars et vendredi 25 mars à 20h