C’est toujours avec plaisir et curiosité que l’on retrouve le Couvent Sainte-Cécile et ses expositions évènements. Après Napoléon et Rembrandt, Doisneau est à l’honneur pendant trois mois avec ses photos dédiées au vélo et, surtout, à ceux qui le pratiquent.
Dans l’écrin somptueux du couvent, le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création poursuit sa mission de diffusion de la culture avec cette belle exposition qui arrive à la fois à nous émerveiller et à nous faire rire.
Après Doisneau et la mer en 2018, l’œuvre du célèbre photographe est à nouveau mise en lumière grâce à 70 photographies exceptionnelles dont 22 inédites. Entre la chapelle et le cloître, entre les années 30 et les années 90, sa carrière évolue en même temps que l’usage du vélo.
Le vélo dans le regard de Doisneau
Le plus célèbre des photographes français nous invite dans ses clichés à suivre son regard, tourné vers la rue et ceux qu’il croise au détour de sa longue carrière. Marcher, observer, prendre sur le vif, Doisneau est surnommé le « passant patient ».
C’est l’anecdote, la petite histoire qui l’intéresse et qu’il illustre au fur et à mesure de ses prises de vue. Avec humour et tendresse, il montre la société française dans son quotidien dans lequel le vélo a une place de choix.
Ce qui est étonnant, c’est que le photographe n’a jamais considéré la bicyclette comme un sujet en soi, alors qu’on la retrouve régulièrement au centre de son œuvre prolixe – à sa mort en 1994, il laisse derrière lui plus de 450 000 négatifs et le vélo se retrouve sur beaucoup d’entre eux.
Coup de cœur pour le début de l’exposition : nous sommes accueillis par une animation, un triporteur nous invite à pédaler pour pouvoir admirer une projection de photos sur l’air de La bicyclette d’Yves Montand, dont les paroles ont été écrites par Pierre Barouh, un grand ami de Doisneau.
On retrouve un peu plus loin l’une des photographies emblématiques de Doisneau, Le vélo de Tati représentant le réalisateur français devant une bicyclette en pièces, une œuvre graphique et insolite qui prête à sourire. Prise à l’occasion de la sortie du film Jour de Fête en 1949, elle sera publiée dans le numéro d’octobre de Vogue.
Planches contacts, appareil Rolleiflex, dans les vitrines on peut observer les instruments de travail de Doisneau. Prendre une photo, c’est bien, mais ce n’est que le début ! Tri, recadrage, c’est un véritable art qui se déploie avant d’atteindre l’ultime étape du tirage.
Le vélo et le temps qui passe
Photographe humaniste, Doisneau met son art au service de la représentation de l’être humain dans sa vie quotidienne, en particulier après la Seconde Guerre Mondiale. Ce sont les bonheurs simples de la vie qui le touchent, loin des difficultés et des injustices.
Pendant la guerre, la bicyclette est devenue essentielle après avoir été le symbole des congés payés et de l’essor des loisirs en famille. Objet aristocrate à sa création – son surnom de « petite reine » lui a été donné après une apparition de la reine Wilhelmine des Pays-Bas lors d’un passage à Paris en 1898 -, le vélo se démocratise dans les années 30.
Né en 1912, Robert Doisneau vit cette évolution et l’une de ses toutes premières photos est d’ailleurs une nature morte de roue de vélo réalisée avec un appareil emprunté à son demi-frère Lucien. Il représente pour lui l’insouciance et la liberté, mais plus que l’objet, ce sont ceux qui l’empruntent qui l’inspirent.
« Ce qui me plaît beaucoup, c’est de montrer le merveilleux dans la vie quotidienne. »
Âge d’or et déclin de la petite reine
Âge d’or et déclin de la petite reineDans l’exposition, on peut voir le début des courses cyclistes et la ferveur grandissante du public pour ces nouveaux héros sacrés par le Tour de France et autres moments de communion populaires.
Les années 50 voient néanmoins l’avènement de la voiture, les changements de l’urbanisme en sa faveur et la disparition progressive du vélo dans l’espace public, comme sur cette photo de jeune femme poussant le tricycle de son enfant, menacée par une horde automobile.
Robert Doisneau serait certainement étonné de voir le retour triomphant de la bicyclette à l’heure du questionnement écologique, en particulier à Grenoble, sacrée depuis plusieurs années maintenant Capitale du vélo.
Vous l’aurez compris, on a beaucoup aimé cette exposition captivante et on vous la recommande passionnément. Les vélos de Doisneau sera présentée du 13 octobre au 21 janvier 2023, avec à cette occasion la sortie d’un nouveau livre paru aux Editions Glénat : Les vélos de Robert Doisneau.
Visites guidées et ateliers sont prévus pendant toute la durée de l’exposition, retrouvez tout le programme ici.
Les vélos de Doisneau au Couvent Sainte Cécile
Ouvert du lundi au samedi, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30.
37 rue Servan, 38000 Grenoble – 04 76 88 75 75
Site – Facebook
Copyright des photographies : Atelier Robert Doisneau
Une série proposée en collaboration avec le Fonds Glénat pour le Patrimoine et la Création
Amoureuse de ma ville natale, vous pouvez me croiser dans les rues et les musées en tant que guide conférencière, mais aussi l’appareil photo à la main pour ma page insta @grenobletrotter. Mondaine depuis 2012, mes préférences vont aux adresses qui mélangent culture, gastronomie et folie.
