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STOP AU TOUT JETABLE ! PASSONS À L’EMBALLAGE CONSIGNÉ POUR NOS LUNCH BOXES

By 28 mai 2020avril 8th, 2024No Comments

Passer à l’emballage consigné pour les restaurants ? À l’ère du tout jetable où, avec l’arrivée de la pandémie, on a plutôt assisté à une recrudescence de l’usage unique, des entrepreneuses grenobloises proposent une alternative plus durable à destination des restaurants et de leurs clients.

emballage consignéL’emballage consigné pour les restaurants

Par-ci, par-là, un peu partout en France, on voit se lancer des initiatives autour de l’emballage consigné. Que ce soit dans l’univers de la boisson, de la restauration ou des GMS, l’objectif est de limiter la production de déchets et de nous diriger vers une économie moins gourmande en ressources.

Une posture plus sobre, teintée de conscience écologique qui semble devenir une évidence, que ce soit pour les professionnels ou pour nous, les particuliers.

Aujourd’hui, nous partons donc à la rencontre de Dabba consigne, le projet de Marion et Caroline. L’idée : créer un réseau de restaurateurs où l’on pourrait acheter nos plats préférés à emporter dans un emballage consigné.

Des contenants que l’on pourrait ramener après usage auprès des membres du réseau. Finito les barquettes en pseudo bambou et leur couvercle en plastique. Stop à la tonne de déchets à la fin d’un seul repas. Juste une jolie barquette en verre à rapporter pour la prochaine lunch box.

Qui sont Caroline et Marion, à l’origine de Dabba consigne ?

emballage consignéCaroline, une Toulousaine de 35 ans, est tombée sous le charme de Grenoble durant ses études. Après quelques années à Paris et une carrière dans l’industrie, son cœur la ramène à Grenoble où elle décide aujourd’hui de sauter le pas du “social business”.

Marion, de 7 ans sa cadette, est également Grenobloise d’adoption. Initialement commerciale, elle a beaucoup voyagé et aspire maintenant à une vie plus respectueuse de l’environnement, plus simple et engagée. Un engagement qu’elle concrétise depuis 2018 au sein de Zero Waste Grenoble.

Comment est née l’idée de créer ce réseau d’emballage consigné ?

Caroline, déjà très engagée dans une vie qui tend au zéro déchet, a eu le déclic après une commande de sushis. Horrifiée à la vue de la quantité de plastique qu’elle venait de générer, elle a commencé à réfléchir à un moyen simple d’éviter ces déchets. Le système de consigne s’est alors imposé comme une évidence.

Après la pose de la première brique : le concept, Caroline est partie à la recherche d’une associée, et c’est à ce moment que Marion est entrée en scène. Personnellement très engagée dans le zéro déchet, Marion militait déjà auprès des restaurants à emporter afin d’apporter ses propres contenants.

La magie a opéré tout de suite après leur première rencontre à l’Impertinence, l’un des tous premiers restos à rejoindre l’aventure de l’emballage consigné Dabba.

À quel stade du projet en sont-elles aujourd’hui ?

Après des mois de réflexion et de co-création avec des restaurateurs, les filles sont enfin sur le point de lancer leur service sur le terrain. La crise sanitaire a légèrement retardé le projet, mais les Grenoblois-es pourront bientôt profiter de leur resto préféré sans déchet (et bien sûr dans le respect des règles d’hygiène) !

L’emballages consigné est-ils made in France ?

emballage consignéAnimées par leur souhait de faire travailler les acteurs locaux, elles ont dû écarter les solutions difficiles à trouver en made in France, comme par exemple l’inox.

Elles ont fait le choix du verre, car c’est un matériau inerte, durable et 100% recyclable. Le but étant aussi de valoriser les bons petits plats préparés avec amour par les restaurateurs avec un emballage consigné esthétiques.

Quel est le prix du service de consigne ?

La première fois qu’il demande une “Dabba”, le consommateur paye une consigne de 5€ pour les grands contenants. Ensuite, il peut le rapporter dans n’importe quel resto du réseau, et soit l’échanger contre un autre contenant, soit obtenir un jeton consigne . 

Le restaurateur paye un abonnement mensuel, en fonction des volumes de vente à emporter de son établissement. Pour ce lancement, Marion et Caroline assurent le réassort chaque mois. Elles sensibilisent leurs clients et communiquent sur leur réseau de professionnels engagés.

À partir de septembre, elles assureront également une prestation de lavage des contenants.

Voici le topo de Dabba. Un service que nous avons hâte de voir se déployer à Grenoble, et le plus largement possible. Un service concret qui nous offre le choix, à nous consommateurs, d’agir et de faire les premiers pas vers des modes de consommation plus éthiques et responsables.

Se lancer dans l’économie durable : le parcours de deux entrepreneuses en quête de sens

Lors de notre échange avec ces deux filles inspirantes, nous avons voulu aller plus loin. Comprendre comment on change de cap du jour au lendemain, comment on lutte contre nos propres freins, et aussi, concrètement, comment on lance une entreprise spécialisée dans le zéro déchet.

Est-ce le parcours du combattant ? Quels sont les soutiens qui peuvent nous aider ? Peut-on se lancer sans avoir des milliers d’euros à mettre sur la table ? Marion et Caroline nous expliquent tout.

contenant consignéQuel a été le déclencheur pour te lancer dans cette aventure ?

Marion : « J’ai travaillé dans le milieu des start-ups pendant quelques années. C’est un monde très cool au premier abord et j’ai beaucoup appris. Quand mon envie de mieux consommer s’est développée, je me suis dit que je n’avais pas envie de passer ma vie au travail, et que ma liberté était plus importante que le gain financier.

Je voulais agir à mon échelle sur le territoire grenoblois, et j’étais prête à quitter la sécurité de l’emploi pour trouver du sens. Je suis d’abord partie à l’aventure au bout du monde. Ça m’a permis de relâcher la pression par rapport à tout ça, et de me dire que peu importe la situation, on peut toujours trouver des solutions et s’en sortir. »

Quelles étaient tes craintes et comment les as-tu surmontées ?

Caroline : « Je n’ai pas eu beaucoup de craintes jusque là : pourvu que ça dure !
J’ai parlé de mon projet de création dès octobre 2018 à mon employeur. J’avais vraiment besoin de passer mes journées sur un projet chargé de sens et de réaliser ce vieux rêve d’entrepreneuriat !

À partir de janvier 2019, j’ai posé un jour de congé par semaine pour avancer sur le projet et réfléchir à sa viabilité. J’ai quitté mon job fin juillet seulement. On peut dire que j’ai eu le temps de réfléchir !
En fait, je crois que je n’ai pas vraiment peur de l’échec. J’ai envie de vivre cette aventure à 200%, de tout donner pour voir cette graine d’idée germer. Et si ça foire, tant pis. J’aurais appris tellement plus qu’en restant dans mon ancien boulot !

Nous sommes aussi super accompagnées et cocoonées par l’incubateur Ronalpia, l’équipe Start-up de territoire de GAIA, et avons recours aux experts de GEM. Dès qu’on a un doute, on a toujours une oreille attentive pour nous écouter et nous conseiller. »

consignes restaurantsCe qui a changé pour toi depuis que tu as décidé de te lancer ?

Marion : « Avant de me lancer dans l’entrepreneuriat, je réfléchissais surtout à l’idée de génie que je pourrais avoir, aux activités que je pourrais développer. Jamais je n’ai pensé à la personne avec laquelle j’allais travailler. Je ne voulais pas faire ça seule, mais je ne savais pas avec qui. Et finalement, c’est vraiment le point de départ : il faut bien choisir son partenaire.

Nous sommes très complémentaires avec Caroline. Je crois qu’on admire chacune les compétences de l’autre. Mais ça ne se passe pas comme ça pour chaque duo d’entrepreneurs.

Je comprends également qu’être libre est important dans la vie que je souhaite mener, chose que l’on n’a pas vraiment en tant que salarié. C’est un choix important, car ça conditionne tout notre quotidien. »

Un phrase ou un mantra qui vous a aidé dans l’aventure ?

Caroline : « Sobriété heureuse.

Face au défi climatique, telle la cigale ayant chanté tout l’été, nous nous trouvons fort dépourvus. Nous devons inventer un nouveau modèle, un modèle durable et soutenable, respectueux de la nature et des hommes. Pour moi, Dabba c’est l’occasion de réconcilier la cigale et la fourmi, l’occasion de mettre la sobriété et la convivialité au cœur de mes actions. »

Marion : « On a besoin de beaucoup de monde qui fait des choses imparfaites plutôt que peu de monde qui fait des choses parfaites. C’est vraiment la philosophie de mon engagement.

Si chaque personne, entreprise ou gouvernement agissait un minimum à son échelle, la question “comment sauver la planète” ne se poserait même pas. Nous serions dans un système qui marche pour les hommes et l’environnement.

Ce mantra fonctionne avec Dabba : si tous les grenoblois ont le réflexe consigne, on va sauver des milliers d’emballages jetables ! »

Comment lancer une entreprise zéro déchet

Quel est le parcours pour lancer une entreprise dans le zéro déchet ?

Caroline : « Quand on démarre dans l’entrepreneuriat, c’est super difficile au début d’identifier les acteurs : pépinière, incubateur, coopérative d’activités. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est ce que je dois faire ? Faut-il que je crée ma société tout de suite ?

Mon premier réflexe a été de me tourner vers la CCI. J’ai fait la formation 5 jours pour entreprendre. Très bien pour démarrer.

Ensuite j’ai rencontré plein de monde via mon réseau et via les recommandations des uns et des autres. Je n’avais pas du tout un objectif derrière chaque rencontre, mais j’apprenais un peu plus à chaque fois. Petit à petit, on commence à comprendre les engrenages, à imaginer et à construire un chemin pour monter son projet.

Pour le zéro déchet, il y a l’asso Zero Waste bien sûr, et plein de super initiatives grenobloises. Il y a aussi tous les acteurs de l’ESS. On sent de vraies démarches de coopération entre les acteurs.

Grenoble est une petite grande ville (ou une grande petite ville, je ne sais pas) qui rend possible et facilite tous ces échanges : c’est très facile de comprendre l’écosystème, de rencontrer les acteurs.
On a aussi évidemment la chance d’être sur un territoire particulièrement sensible à la cause environnementale. La Métro et le Pays Voironnais sont d’ailleurs très motivés par notre projet. »

réseau consigne GrenoblePeut-on se lancer si on a pas beaucoup de trésorerie, ou à partir de rien ?

Caroline : « On a la chance d’être sur un territoire où plusieurs acteurs aident à la création, notamment pour les entreprises à impact. Il y a aussi le crowdfunding, des concours…
Il faut commencer petit, se développer au fur et à mesure en fonction des opportunités. Quand vous allez voir les photos de la remorque à vélo avec laquelle on va assurer les premières livraisons, vous allez vous marrer !
Il y a aussi beaucoup d’opportunités de coopération entre les acteurs de l’ESS. C’est la débrouille, on trouve toujours des solutions. Après, on va pas se mentir, c’est quand même plus facile avec un petit apport :-) !

Marion : « Cela dépend également de l’activité. Certaines ne nécessitent pas de gros investissements comme par exemple le consulting. Si l’on souhaite tester un concept, quelque chose qui n’existe pas, on peut tout à fait lancer des tests sur le terrain avec un petit budget. Quand on devra voir plus gros, on pourra se tourner vers des structures d’accompagnement, des prêts… »

Quel conseil à toutes celles qui n’osent pas, mais qui aimeraient se lancer ?

Marion : « Si tu y crois, c’est un premier pas vers l’action. Je peux vous le dire : peu importe ce qu’il adviendra de Dabba dans les mois et années à venir, j’ai déjà appris énormément sur moi-même, développé de nouvelles compétences et rencontré beaucoup de monde en seulement 4 mois.

Nous avons la chance en France d’avoir droit à un système d’allocations, qui permet à des personnes au chômage de créer une entreprise. En bénéficier permet déjà de se rassurer. Avec Caroline, nous avons toutes les deux étaient patientes pour obtenir un départ de nos emplois respectifs dans les meilleures conditions possibles.

Ensuite, je dirais qu’il faut s’entourer : les réseaux, les incubateurs et les concours sont de bons moyens de se sentir épaulés ailleurs qu’auprès de ses proches (qui sont souvent fans de notre projet sans être totalement objectifs).
Enfin, aller sur le terrain ! Tester ses idées, interroger ses clients potentiels, voir s’il y a un marché et comment l’initiative est perçue. »

Caroline : « Qu’elles regretteront ce qu’elles n’ont pas fait, pas ce qu’elles ont raté !
On a un vrai problème en France avec l’échec. Aux États-Unis, les banques vous prêtent plus facilement de l’argent quand vous avez déjà planté une boîte. Dans leur culture, ça veut dire qu’on a appris. Il faut oser ! Avec Marion, comme beaucoup de femmes entrepreneures, on souffre toutes les deux du syndrome de l’imposteur, mais on se soigne.

C’est super important d’être soutenu par son conjoint, sa famille, ses amis pour se lancer. Se sentir épaulé, ça gonfle la confiance en soi chaque jour.

Si le blocage est financier : ça peut être une bonne chose de regarder ce dont on a vraiment besoin pour vivre. Qu’est ce qui nous rend vraiment heureux ? Quand on est convaincu qu’on sera plus heureux dans un plus petit appart en passant ses journées sur un projet plein de sens, alors c’est qu’on est prêt à se lancer. »

Suivez l’aventure Dabba sur Facebook et Instagram.

Cet article est écrit grâce au soutien de Grenoble Alpes Métropole <3

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